Le projet phare -et controversé- de la coalition d'Olaf Scholz, la légalisation partielle du cannabis à des fins récréatives, entre en vigueur lundi en Allemagne. Une nouvelle réglementation qui inspire déjà de notre côté du Rhin, à Strasbourg.
Dès le 1er avril, la possession de 25 grammes de cannabis séché dans les lieux publics est autorisée pour les adultes allemands, ainsi que la culture à domicile, jusqu'à trois plants par adulte et 50 grammes de cannabis séché. Avec une dose moyenne estimée à 0,3 gramme par joint, 25 grammes permet d'en rouler environ 80. Cependant, la consommation n'est pas permise n'importe où : elle reste interdite dans un rayon de 100 mètres autour des écoles, des crèches, des terrains de jeux et des installations sportives publiques. De plus, dans les zones piétonnes, elle est complètement prohibée entre 7 et 20 heures.
Il faudra attendre quelques mois pour pouvoir se procurer légalement cette drogue via des "clubs cannabis", des associations à but non lucratif qui pourront être créées à compter du 1er juillet après un parcours administratif complexe. Basées en Allemagne et sous la responsabilité des autorités régionales, ces clubs auront un nombre limité d'adhérents à 500. Ils pourront distribuer au maximum 50 grammes par mois et par membre. Les adultes de moins de 21 ans auront droit à 30 grammes d'un cannabis dont la teneur en THC, une de ses molécules aux effets psychotropes, ne doit pas dépasser 10%. L'adhésion à plusieurs associations à la fois est interdite, de même que se réunir et consommer dans l’enceinte de ces clubs.
Pour accéder légalement au cannabis, il faut être résident depuis au moins six mois dans le pays et le cultiver soi-même ou via un club. Cette mesure vise à atténuer le risque d'un afflux "de touristes de la drogue" selon les détracteurs de la loi, notamment les partis de l'opposition conservatrice CDU/CSU. Dans une deuxième étape, mais sans calendrier précis, le gouvernement prévoit d’expérimenter la vente dans des pharmacies ou des magasins sous licence d’État dans des régions "pilotes" à définir.
La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, appelle à une "expérimentation" locale pour sortir de l'approche française répressive aux résultats "peu probants". Elle souligne l'importance des "flux permanents" entre l'Allemagne et la France via Strasbourg, et espère une réflexion sur les choix politiques français en la matière.
L'accès légal au cannabis en Allemagne n'est pas pour autant simple. L'objectif du gouvernement, de lutter plus efficacement contre les trafics en encadrant la consommation, se heurte à l'opposition farouche des conservateurs. Des défis comme la surcharge de travail pour la justice, due à l'amnistie prévue des délits liés au cannabis, sont également à relever.
